
Depuis 2012, le jour du Magal de Touba est célébré par le Sénégal
comme un jour férié, chômé et payé. Cette décision, symbolique et
historique à la fois, a d’abord été prise par le Chef de l’Etat, à
travers un décret, avant qu’une loi, votée à l’Assemblée nationale, en
2013, ne vienne ancrer définitivement le Magal dans le calendrier
officiel des jours fériés.
Tout commença en 2011, dans le sillage du Magal célébré en janvier de
cette année-là. C’est lors d’un Panel pré-Magal, organisé le 8 janvier
2011, à l’amphithéâtre de l’ESP au niveau de l’UCAD à Dakar, par le
Comité d’Organisation, sous la coordination de Serigne Bassirou Abdou
Khadre Mbacké et de Serigne Abdou Lahat Mbacké Gainde Fatma, que la
question fut d’abord agitée dans mon exposé portant sur les
conclusions préliminaires de l’étude sur les impacts économiques et
sociaux du Magal de Touba.
Auparavant, plusieurs figures
intellectuelles, comme le Professeur Iba Der Thiam, l’avaient
également proposé, sans succès. Serigne Mansour Sy Ibn Abdoul Aziz
soutint la même demande, au Cices, lors de la Conférence pré-Magal
organisée en ce lieu.
Tout s’accéléra lors de la visite effectuée par le Président Abdoulaye
Wade, en janvier 2011, dans la Ville sainte de Touba. Je me trouvai ce
jour-là à Touba pour effectuer, avec mon équipe, les enquêtes
statistiques sur le Magal, en visitant notamment les ménages de
l’agglomération de Touba pour les questionner sur leurs dépenses
liées à la célébration du Magal. Je rencontrai, par hasard, Bassirou
Niane, membre du Comité d’organisation, qui me proposa d’aller avec
lui à la Résidence Khadimou Rassoul pour tenter de voir le Président
Wade et de lui parler de l’idée de faire du Magal un jour férié. Il me
mit en rapport avec Madické Niang, au moment où toute la délégation
officielle prenait le repas de midi dans la Résidence. Celui-ci
suggéra qu’on parle d’abord au Premier ministre Souleymane Ndéné
Ndiaye qui décida, derechef, qu’on aille, Madické Niang et moi, avec
lui, rencontrer le Président Wade.
Ce dernier me demanda de lui
exposer les raisons qui devaient justifier une éventuelle décision de
faire du jour du Magal un jour férié. Je lui indiquai que le Magal
était un puissant moteur de l’économie, en ce sens qu’il contribuait à
relancer plusieurs activités industrielles, agricoles et de services,
et qu’il drainait plusieurs millions de personnes à Touba. Ce discours
le convainquit et il promit d’en parler à la Presse à son arrivée à
Dakar. Je lui suggérai de faire l’annonce dans la Résidence Khadimou
Rassoul-même, pour lui conférer un aspect symbolique. Il accepta ma
proposition et fit rassembler la Presse pour indiquer sa décision de
faire, dorénavant, du Magal un jour férié.
Le Président Macky Sall, figure de l’Opposition, à l’époque, prit
également, en marge de sa visite, en janvier 2012, à Touba,
l’engagement de faire du Magal un jour férié, s’il était élu.
C’est le 12 janvier 2012 que le Magal devint, pour la première fois, à
travers un décret du Président Abdoulaye Wade, un jour férié, chômé et
payé. Cette même décision fut confirmée l’année suivante par le
Président Macky Sall qui demanda ensuite au Gouvernement de travailler
sur un projet de loi inscrivant le Magal dans le calendrier des jours
fériés.
C’est ainsi que l’Assemblée nationale vota, le 30 novembre
2013, à l’unanimité, la Loi n° 10-2013 complétant et modifiant
certaines dispositions de la loi no 74-52 du 04 novembre 1974 relative
à la fête nationale et aux fêtes légales, modifiée, en insérant le
Magal de Touba parmi les jours fériés. Cette Loi fut promulguée quelques jours plus tard. Cet acte vint "légaliser ce qui était
légitime" pour reprendre les mots de Cheikh Abdoul Ahad Mbacké Gainde
Fatma.
Par Moubarack LO