
Mais en fuyant le champ du pouvoir, il a opté pour une voie de contournement nord qui s’identifie malheureusement à une conspiration politique, méthode plus aisée que l’affrontement politique. Mais cette voie semble le desservir plus qu’elle l’adoube et l’absout.
Or donc, tout indique que, après avoir ainsi , disent certains, neutralisé Idrissa Seck, le « serpent venimeux », Wade aura en face de lui trois candidats respectivement soutenus par des coalitions différentes et radicales. Les partis membres de la Coalition Benno Siggil Senegaal se disperseront indubitablement entre Macky Sall qui jouit d’une belle sympathie nationale et qui peut bénéficier du vote sanction de militants libéraux, Ousmane Tanor Dieng dont le parti s’est relevé et est resté debout et tenace, et Moustapha Niass que beaucoup de Sénégalais, musulmans et chrétiens réunis, portent dans leurs cœurs.
Cette nouvelle géopolitique relève de l’évidence. La Coalition Benno Siggil Senegaal est l’aile gauche du jeu politique et démocratique sénégalais quand bien même les questions idéologiques sont de plus en plus en extinction au Sénégal. Mais il est apparent que le discours tenus par les leaders de l’Apr, du Ps, et de l’Afp s’articule exclusivement autour de la nécessité de faire partir Wade et des questions sociales d’urgence humanitaire devant lesquels les libéraux n’ont pas d’arguments. Les propos sont radicaux et chaque citoyen voit en chacun le leader le plus susceptible de l’emporter. La régularité et la constance actuelles dont les leaders de la coalition font preuve trouvent naturellement l’agrément du peuple sénégalais qui suffoque et subit une vie sociale infernale.
Aussi bien au Sénégal que dans d’autres pays du monde, Ousmane Tanor Dieng, Macky Sall et Moustapha Niasse ratissent large en faisant adhérer beaucoup d’électeurs de la diaspora à leur programme. Et pertinent ou non, ce programme dont le dénominateur commun est le départ démocratique de Wade semble bien accueilli. C’est qu’au Sénégal, même dans une coalition politique, les langages restent équivoques, les modes d’action demeurent hétérogènes et tout opère sur une large surface allant du retrait à l’adhésion, de l’apathie à la résistance. Cette disposition relève de la nature de l’homo senegalensis. Et l’opposition en bénéficie comme Wade en a bénéficié en 2000.
Si les leaders de Benno Siggil Senegaal sus évoqués décidaient de soutenir le candidat de l’opposition qui arriverait au 2nd Tour, Wade n’aurait qu’à préparer ses bagages. Mais le vieil homme ayant compris qu’au 2nd Tour est bien possible s’il ne tronque pas la loi électorale, songe déjà à sa suppression. L’acte ne serait alors qu’un abominable coup d’Etat politique qui ouvrirait la voie à tous les possibles.
Le combat serait alors rude. Macky Sall ne pardonnerait jamais l’injustice qu’il a subie. Ousmane Tanor Dieng s’est fait un code d’honneur de réinstaller le Ps requinqué au pouvoir et Niasse, pour une question d’honneur ne se laisserait point faire. La base doctrinaire de ce triangle est de restaurer la République et de mettre le Veil homme, 86 ans, hors d’état de nuire et de conspirer à nuire. Les réseaux clientélistes de celui-là se sont effrités. Les Sénégalais sont exaspérés et l’hégémonie du Sopi s’est tragiquement effilochée. Les haches de guerre politique seront alors déterrées et malheureusement Wade s’engagerait dans une voie de conspiration et de troncation du jeu démocratique électoral pour rester. Macky, Tanor et Niass ne lui feront alors aucun cadeau.