
Il urge de situer les responsabilités, car en réalité, le mandataire notamment la société belge ANTASER B.V.A. a été chassée de tous les pays de la sous-région pour incompétence, manque de professionnalisme, mauvais résultats et détournement de fonds à grandes échelles.
Pègre néocoloniale et archaïsme
Voilà une société qui s’est spécialisée dans des opérations opaques. Elle opère dans l’instabilité politique et dans des pays gangrenés par la corruption. Valises bourrées de frics, du cash pour faire signer des contrats léonins. Le mode opératoire de cette société réputée dans le monde du transport maritime pour son manque de sérieux et sa manie de l’arnaque consiste à exploiter une procédure archaïque de traitement du BSC sans que l’Etat ait une idée claire des recettes. Manque total de transparence et de traçabilité. Il s’ensuit que la société déclare ce qu’elle veut en privant l’Etat de milliards de nos francs. Pire, ce système obsolète bloque la célérité des opérations et occasionne des frais supplémentaires. Plusieurs pays ont découvert le pot aux roses, ils ont compris l’escroquerie et chassé ANTASER B.V.A. Les cas du Bénin et du Togo illustrent mieux cette situation.
Le Nigeria a entamé des poursuites contre cette nébuleuse à travers la commission fédérale de lutte contre les fraudes et crimes économiques. En effet, en moins de deux ans, les désastres causés par ANTASER B.V.A. sont si énormes (des centaines de milliards de Francs CFA) que ce pays, malgré ses richesses, a décidé d’arrêter l’hémorragie. Ce pillage à grande échelle a obligé la première puissance économique sous-régionale à revoir sa copie. Le BSC instauré par le Conseil Exécutif (Conseil des Ministres) en 2009, confié à ANTASER B.V.A. ou ANTASER AFRIQUE ou TPMS-ANTASER (c’est la même bande d’escrocs et de maffieux), a été purement et simplement aboli le 26 Octobre 2011. Cette décision fut rendue publique par le NIGERIAN PORT AUTHORITY (NPA) le 9 Novembre de la même année.
Quant au Cameroun, il s’est engagé sur la voie de poursuites judiciaires contre ANTASER AFRIQUE pour faux et usage de faux. En effet, cette société a publié le lundi 5 mars 2012 un communiqué la désignant comme nouveau mandataire du Conseil National des Chargeurs du Cameroun (CNCC) pour les procédures de délivrance du BSC avec une nouvelle grille tarifaire. Malgré les mises en garde du CNCC, les circulaires et les communiqués dans le journal professionnel Lloyd, les sommations d’huissier, ANTASER B.V.A. a persisté sur son site internet à prétendre représenter le CNCC et a mis en ligne, ainsi que ses agents dans le monde, la vente de ce document sans aucun droit. Cet acte grave de ladite société qui est de nature à créer un trouble profond dans l’esprit des opérateurs économiques et à perturber considérablement le commerce extérieur du Cameroun est dénué de tout fondement juridique, ANTASER AFRIQUE n’étant liée par aucune convention de mandat avec le CNCC. Autrement, il s’agit d’un hold-up financier de la pire espèce exécuté de mains de maîtres par des faussaires, bandits de grands chemins : ANTASER.
ANTASER est convaincue que tout est possible en Afrique : elle joue sur la fragilité de certains Etats, la cupidité des fonctionnaires et la corruption des dirigeants. C’est sur ce terreau fertile au pillage, « ces colonies ou marchés noirs » que cette nébuleuse prospère depuis quelques années avec pour devise : « Silence, on pille ! »
Dans le cas du Sénégal, le gouvernement se doit de prendre dans l’urgence des mesures conservatoires de suspension du contrat qui lie le CO.SE.C à ANTASER B.V.A. avant même de lancer l’audit du BSC depuis 2008, année de son instauration.
Une reforme du BSC s’impose
Au-delà des travaux d’audit qui confirmeront les soupçons de détournements et de malversations au CO.SE.C., le plus urgent aujourd’hui est la prise de mesures conservatoires afin de permettre la transparence, gage de l’efficacité dans le traitement du BSC. Les pays précurseurs dans le domaine l’ont bien compris en récusant ces pillards. Ils l’ont si bien compris qu’ils ont intégré la reforme du BSC dans leur stratégie de développement. Ils sont passés du simple Bordereau de Suivi de Cargaisons (BSC) - support papier- au Bordereau Electronique de Suivi de Cargaisons (BESC). Ce système en ligne doté d’un code de barre avec le plus haut niveau de sécurité permet d’obtenir une vraie base de données avec des statistiques disponibles 24h/24. Le résultat ne s’est pas fait attendre. Selon le cas, les recettes ont vertigineusement explosé. Le système a permis : depuis 8 ans, au Conseil National des Chargeurs du Bénin (CNCB), d’accroître ses recettes de +255% ; depuis 7 ans, le Conseil National des Chargeurs Togolais (CNCT) de +400% ; depuis 5 ans, le CNCC (Cameroun), de +500%.
Cette réforme s’applique aussi aux exportations. Sa mise en application assure véritablement le meilleur partage des trafics comme le stipulent les textes internationaux qui fondent la création du BSC. Mieux, en s’inscrivant dans la dynamique politique du Président Macky Sall qui a mis son mandat sous le signe de la bonne gouvernance, le Sénégal s’engage aussi dans la perspective de recettes additionnelles dont il a si tant besoin pour renflouer ses caisses ; ces caisses que le népotisme, l’affairisme et la cupidité ont totalement asséché.