
Banalisation de l’anecdotique. Champ politique et social déserté par la pensée et l’action portée par le courage et le sens de la responsabilité des élites. Vide plein de plaies d’ignorance. Les oisivetés montées sur les promontoires assaillis par les « naufragés de la déraison ». Les incapacités à dire l’essentiel supplantant les silences défaitistes des intellectuels, dont certains devenus les nouveaux missionnaires des combats d’arrière-garde. Peureux taiseux embrigadés dans les folies fantasmées sur des riens. Sur des peccadilles. Des roupies de sansonnet. La témérité d’aller à contre-courant des hystéries extrémistes et populistes. Personne pour accuser comme Zola au milieu de tant d’affaires Dreyfus peuplant pourtant nos vies clonées. Nos existences chahutées. Des intellos tragiques, en errance, nouveaux porte-drapeaux des idéologies régressives. Hurler avec les loups. Toujours hurler avec les loups.
Crise existentielle et économique : la cause profonde d’une « hystérisation » de sujets d’actualité et d’événements. Le symptôme d’un dérèglement social. Le maudit sac de Wally ? Déchainement de fureurs, de furies, d’humeurs et de rumeurs. Et voilà, l’accessoire féminin du jeune musicien accusant toute la jeunesse sénégalaise. Un seul Wally, toute une jeunesse jetée dans la corbeille des contre-valeurs. Lieu de soulagement d’angoisses existentielles. Troubles névrotiques autour d’un vulgaire sac. Le spectacle désopilant d’un Wally s’acharnant publiquement sur un maudit sac. Scène expiatoire d’un jeune traumatisé. Vilipendé. Et les « sac-phobes » en orgie jubilatoire se délectant de leur victoire. Quel combat !
Quelques jeunots présumés homos. Et là aussi, flambée hystérique géométriquement dirigée vers toute une jeunesse suspectée d’être sous la coupe diabolique d’un Occident malade. Les généralisations faciles. Commodes. Sans frais. La majorité des jeunes fréquentant les mosquées, besogneuse à volonté, s’abîmant quotidiennement et dans la dignité à sortir de la misère ? Oubliée par les prédicateurs et les censeurs aux motivations pas forcément vertueuses. Quelques graines pourries, tout un sac à jeter : l’axiome des néo-fanatisés en quête d’auras. Adeptes futés des mises en scène. Gloriole pour les défenseurs auto-proclamés des gardiens de nos mœurs.
Une jupette rebelle. Un bout de sein incontrôlé d’une danseuse ou d’une chanteuse. Quelques filles de joie prises dans le filet de la police. Et voilà, toutes nos femmes dont beaucoup assez vaillantes promises à géhenne des mécréantes. Volées de discours pétaradants sur nos mœurs en voie de déchiquètement. Dramatisation et théâtralisation de « metteurs en scène » envahissant les espaces publics. Discours de la peur. Excitation de nos angoisses avec une exubérance sur fond de séduction à usage populiste. Liens factices pourtant avec le peuple. Pauvre peuple convoqué, évoqué et invoqué à tout bon de champ !
Comment ne pas dire ces humeurs émeutières, maladies contagieuses de notre société malade. Des symptômes, pas la cause lovée, elle, dans une crise existentielle facilitateur de tous les exutoires. Par exemple, dans le champ politique à la sémantique violente portée plus par de gladiateurs que par des contradicteurs dans une démocratie. Crosse verbale en l’air. Injures, insultes, grossièreté, paroles inflammatoires. Les obscures lumières projetées par nos politiciens. La preuve par la « bataille de l’Indépendance ». La lutte des espaces entre le maire de Dakar et le ministre du Renouveau urbain. Et pourtant que de défis communs à engager ! Que de paris à relever ensemble. Pour les populations d’abord, avant tout et après tout ! Que d’ailleurs à construire, à paver, à embellir, à rendre propres !
Spécialistes de la psyché, au travail !